Répression contre les pieds noirs
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Ce 29 avril 1961, le lieutenant Roger Degueldre s'engage sur le chemin qui le conduira, quinze mois plus tard, devant un peloton d'exécution. Cet enfant du Nord qui va mourir pour l'Algérie française s'apprête, en effet, à devenir le plus redoutable leader d'une organisation qui a pour ambition d'empêcher le général de Gaulle de traiter avec le F.L.N. : l'O.A.S.
Un peu partout dans l'Algérois, dans leurs refuges de clandestins, les rescapés du soulèvement entendent bien agir de même. Et déjà, ils tentent de reconstituer la chaîne...
Ce n'est pas facile. A Paris, dans la seule journée du 28 avril, deux cents officiers et quatre cents civils ont été arrêtés. Le général Nicot, major général de l'Armée de l'Air est mis aux arrêts de forteresse. La police enquête également dans les milieux militaires français en Allemagne. Le gouvernement veut réagir très vite pour éviter un nouveau soulèvement. Le 1" R.E.P., les 14° et 18° RCP, les Commandos de l'Air sont dissous.
En rade d'Alger, six bâtiments de l'escadre française ont leurs canons pointés sur la ville. Le couvre-feu a été fixé à 21 heures. Tous les quartiers sont quadrillés par de nombreuses unités de gardes mobiles et de C.R.S. Le dispositif policier et militaire finira par atteindre 25 000 hommes... Les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits. Les cours de préparation militaire sont suspendus. Un seul des trois quotidiens algérois est autorisé à reparaître : Le Journal d'Alger de tendance libérale et appartenant à un ancien député milliardaire : Blachette, surnommé « le roi de l'alfa ». Le conseil de l'ordre des avocats est dissous. Des policiers sont suspendus ou emprisonnés. 115 C.R.S. pieds-noirs sont mis aux arrêts à Oran. Des magistrats, des maires, des conseillers généraux sont démis de leurs fonctions.

soldats à alger contre l'OAS
barrages de l'armee à alger contre l'OAS

D'innombrables barrages entravent les rues, les boulevards, les routes, de leurs chevaux de frises, de leurs herses et de leurs auto-mitrailleuses. Aucun véhicule n'échappe aux contrôles. Un lieu de naissance en métropole équivaut bien souvent à un sauf-conduit et les clandestins sauront s'en souvenir plus tard, quand ils se feront établir de faux documents. En une semaine, neuf mille perquisitions ont lieu dans la ville ! Trois cent dix arrestations sont opérées et deux mille armes sont saisies.
Au siège de la Délégation générale, Coup de Frejac le directeur de l'Information, commente le bilan avec une certaine fierté. Ce haut-fonctionnaire est optimiste. Pour lui, il ne fait aucun doute que la population ne suivra pas ces désespérés et ces volontaires qui se sont déjà mis en marge de la France et de l'Algérie.
Il va très vite se rendre compte qu'il s'est trompé.
Le 30 avril, suite à une déclaration de Mgr Duval, l'archevêque d'Alger, qui qualifie d'égarés les partisans de l'Algérie française, un tract invite les catholiques à faire la grève des Églises : « Dieu vous pardonnera. » La consigne est largement suivie. Mgr Duval sera désormais gratifié du prénom de Mohamed par les pieds-noirs.

blindes aux carrefours d'alger

Quelques jours plus tard, c'est une fabuleuse ovation qui accueille, sous forme d'un concert de casseroles, les premiers plastics qui résonnent dans Alger et visent des bâtiments administratifs ou des résidences particulières. Les Algérois manifestent bruyamment leurs sentiments en rythmant sur des gobelets, des lessiveuses, des couscoussiers ou tout autre récipient, les cinq coups marquant les syllabes du slogan « Algé­rie française ».
L'ardeur des pieds-noirs est d'autant plus vive qu'elle est entretenue par la sévère répression menée par les forces de l'ordre. Plus tard, parviendront les. échos des interrogatoires musclés effectués à la caserne des Tagarins et à l'école de police d'Hussein Dey. Plus tard, également, parviendront les témoignages des pénibles conditions d'internements arbitraires des détenus, assignés à résidence par mesure préentive, dans les camps commet Djorf, le plus sinistre, planté à la limite du désert, que le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe, lui-même, fera fermer après avoir fait déplacer le directeur.

Les camions de gardes mobiles qui circulent dans la ville, les blindés légers postés aux carrefours, les rafles effectuées sans ménagement par des policiers encadrés de sections de C.R.S., contribuent à accroître la colère de la population algéroise.
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L'OAS s'organise